Organiser et conduire une sortie en montagne que ce soit en été ou en hiver, à pied ou à ski est certes enrichissant et intéressant mais c’est aussi assumer une grande responsabilité. En effet, là-haut on s’expose inévitablement à des risques divers. La sécurité absolue pour l’ensemble des activités en montagne est impossible. Il s’agit par conséquent de prendre les mesures adéquates et nécessaires pour minimiser les risques. Dans ce but, le CAS apporte, par ses manuels et ses cours proposés depuis de nombreuses années, les connaissances nécessaires aux pratiquants de la montagne qu’ils soient guides, chefs de courses ou simples organisateurs de sorties. Il existe, en plus, de nombreux documents qui fournissent un certain nombre de conseils.
Pour les randonnées et les courses en montagne à pied
-
- Manuel «Sports de montagne d’été; Technique, Tactique, Sécurité», Winkler, Brehm, Haltmeier, Edition du CAS.
- «Faire des randonnées en montagne sûrement !» par le Bureau suisse de prévention des accidents (bpa).
- «La montagne en toute sécurité : 51 conseils» par la SUVA (anciennement CNA).
Pour les randonnées et courses à ski
-
- Manuel «Sports de montagne d’hiver; Technique, Tactique, Sécurité», Winkler, Brehm, Haltmeier, Edition du CAS.
- «Directives pour skieurs et snowboarders» de la Commission suisse pour la prévention des accidents sur les descentes pour sports de neige, SKUS, www.skus.ch.
- «En accord avec la nature et la faune sauvage» OFEV et CAS, www.bafu.admin.ch.
- «Avalanches - mieux les comprendre», Harvey, Rhyner, Schweizer, Ed. CAS, 2013.
- «Attention Avalanches !» du Groupe de compétence «prévention des accidents d’avalanches» www.slf.ch/kat.
- «3X3 Avalanches» de Werner Munter, Ed. CAS.
- Dépliant «Attention Avalanches», SLF.
- L’application «White Risk» du SLF est très intéressante et bien conçue. Elle présente toutes les connaissances à avoir au sujet du risque d’avalanche et permet de préparer une course et d’adapter son comportement durant la course. Accès direct au bulletin d’avalanche, régions et zones à risques, manteau neigeux, hauteurs de neige, profils de neige.
- Portail des courses du CAS, Suisse Mobile et SwissTopo.
Pour toutes les courses et randonnées
-
- «Aide-mémoire en cas d’urgence» Office fédéral du sport (OFSPO).
- REGA, «Savoir», revue 2017.
Les statistiques du CAS montrent qu’environ un tiers des accidents mortels dans les Alpes se produisent lors de randonnées en montagne. Les chutes, à pied ou à ski, sur les terrains sans ou avec chemins sont les événements les plus fréquents. La randonnée en montagne nécessite un sens aigu des responsabilités et la pleine conscience des risques que l’on cherchera toujours à limiter au maximum. A cet effet, il faut insister sur l’importance de la préparation et de l’exécution d’une randonnée ou d’une course en montagne.
Points importants de la préparation
-
- Avoir une condition physique adaptée à la course envisagée.
- Avoir un équipement personnel et de sécurité complet et en bon état. Une liste du matériel figure sur notre site sous «Liste de matériel».
- Préparer et planifier la course avec soin.
- Chercher les informations sur les conditions, le terrain, le degré de difficulté et le facteur humain (condition physique des membres du groupe, taille du groupe).
- Ne pas partir seul ou informer un proche (facile avec les moyens actuels).
- Suivre, autant que possible et notamment pour les courses en haute montagne et l’escalade, les cours de formation organisés par notre section ou par le CAS Suisse (cf. la revue «Les Alpes»).
- Etre conscient de sa responsabilité à la tête ou au sein du groupe de randonnée.
Points importants pour la planification
-
- Reconnaître les difficultés, les passages clés et les zones de tranquillité et de protection de la faune.
- Adapter l’itinéraire et prévoir l’horaire en tenant compte du degré de difficulté, des conditions du terrain, de la compétence des participants les plus faibles, de la saison.
- Se renseigner sur la météo et son évolution probable.
- Prévoir, si possible, des possibilités de modifier l’itinéraire en cas de météo changeante ou de problème de santé d’un membre du groupe.
- Commencer la randonnée tôt le matin et prévoir des marges pour les pauses, etc...
Points importants en cours de randonnée
-
- Partir avec un sac aussi léger que possible (!) mais avec un équipement approprié et complet.
- Partir avec des chaussures de montagne en bon état, munies de semelles en caoutchouc profilées.
- Rester groupé et écouter et suivre les indications et décisions du - de la responsable de la sortie.
- Boire régulièrement, même sans soif !
Pour les chefs de course et organisateurs de randonnées (en plus des points ci-dessus)
-
- Disposer des connaissances et de l’expérience pour apprécier les dangers et estimer les risques (éboulements, avalanches, etc...), et adapter le comportement du groupe à la situation.
- Disposer d’un équipement d’urgence permettant d’augmenter les chances de survie en cas d’accident.
- Vérifier régulièrement l’horaire, les conditions et l’état de fatigue des participants. En cas de doute, faire demi-tour.
Généralités
Les sorties à ski de randonnée nécessitent, à part une dose d’expérience, une préparation minutieuse en raison notamment du danger d’avalanches. Aujourd’hui, la digitalisation apporte une aide précieuse à la préparation d’une course. Il est bien loin le temps où il fallait appeler un répondeur pour avoir la météo, et pourtant ce n’est pas si vieux, je l’ai vécu !
Pour toutes les activités hivernales, le danger d’avalanche est omniprésent et il n’est pas calculable malgré les progrès récents de la science de la neige et des avalanches. Le thème des avalanches sera traité plus en détail dans «Sécurité !».
Quelques données et conseils pour votre sécurité
Une avalanche de neige est d’abord un phénomène physique dû à une rupture du manteau neigeux sur une pente. Elle constitue un danger naturel. Mais cette définition ne doit pas nous faire oublier que près de 90% des randonneurs, freeriders ou adeptes de la raquette, ensevelis dans une avalanche, l’ont eux-mêmes déclenchée.
D’une part, une bonne préparation, une évaluation attentive du danger et un comportement adapté permettraient d’éviter une grande partie de la centaine d’accidents enregistrés chaque année en Suisse.
D’autre part, une connaissance aussi approfondie que possible de la neige, des risques d’avalanche, de leur mode de déclenchement, et des stratégies à adopter est nécessaire pour conduire une course. A cet égard, l’Institut pour la neige et les avalanches SLF à Davos renseigne sur les avalanches en général ainsi que sur les types et facteurs reconnus dans la formation des avalanches. Le site du SLF publie, deux fois par jour, un bulletin actualisé avec une évaluation du risque sur une échelle de 1 à 5. A noter que la consultation attentive de ce bulletin est importante en cas d’accident avec des suites judiciaires. Toutefois, ce danger est assez variable d’un secteur à un autre, c’est pourquoi il est plus qu’utile de se renseigner sur les conditions locales auprès d’un bureau de guides ou des installations mécaniques.
Posséder un matériel sûr et de qualité est aussi important. Le détecteur de victimes d’avalanche DVA, la pelle et la sonde constituent l’équipement standard obligatoire. Il est recommandé de s’équiper d’un DVA moderne à trois antennes, avec lequel même un utilisateur peu expérimenté, mais tout de même formé à son utilisation, pourra facilement retrouver une personne ensevelie.
Par ailleurs, l’airbag, utilisé en freeride, s’il ne préserve pas de l’accident, réduit le risque d’un ensevelissement total ou partiel et augmente quelque peu les chances de survie.
Enfin, dans le sac à dos, on aura toujours, à part les peaux, les couteaux, une pharmacie de secours, son téléphone portable (est-il nécessaire de la préciser ?) ou une radio de groupe, matériel d’orientation, des lunettes de glacier, des habits chauds, de la crème solaire. Une liste du matériel figure sur notre site sous «Liste de matériel».
Durant la randonnée, il faut constamment réévaluer l’évolution des conditions en tenant compte de l’heure et la météo (changements, réchauffement diurne), le comportement du groupe (signes de fatigue, horaire, pauses). Acquérir ce savoir, c’est se donner les moyens d’adapter si nécessaire sa route pour minimiser les risques.
Organisation et conduite d’une randonnée à ski
Avant la course (dans le cadre de la préparation et de la planification de la course)
-
- Prendre en compte la compétence des membres et le nombre des membres du groupe prévu.
- Choisir une course adaptée (itinéraire, difficulté, durée, horaire, taille du groupe).
- Etudier les déclivités, les passages clés, l’exposition, les altitudes, les zones de tranquillité, etc...
- Contrôler le risque d’avalanche à l’aide de la méthode STA, de la méthode MRG et établir la grille 3X3 pour l’évaluation et la prise de décision.
- Envisager un itinéraire B (défensif).
- Examiner à temps le bulletin d’avalanche et la météo.
- S’informer sur l’enneigement local, l’itinéraire.
Au départ
-
- Informer le groupe et l’organiser.
- Contrôler le matériel (DVA, pelle, sonde, év. autre matériel de sécurité, couteaux, portable, GPS + batterie, carte, boussole, altimètre, protection solaire et contre le froid, etc...).
- Clarifier les responsabilités et les attentes des participants.
Pendant la course
-
- Examiner le manteau neigeux, qualité de la neige, neige soufflée (danger), chercher les signes d’alarme «Woum», réaliser des tests.
- Tenir compte d’un éventuel changement de température, ensoleillement.
- Examiner le relief en amont surtout (pentes homogènes, rochers), pentes sup. à 30°.
- Trace existante ou non, nombreuses traces de descente (danger diminué), corniches.
- Les ordres donnés ( distances de sécurité, changement d’itinéraire, retour en raison des conditions, etc... ) doivent être entendus et respectés par tous les participants.
- Les indications ci-dessus figurent avec des détails supplémentaires sur le dépliant «ATTENTION AVALANCHES!» que vous pouvez commander à l’adresse : www.slf.ch/kat
Réduction du risque
-
- Si possible contourner les accumulations de neige soufflée récente.
- En terrain raide et inconnu : demi-tour par brouillard.
- Eviter la partie la plus raide d’une pente.
Facteur humain
-
- Passages clés : un à un.
- Fixer un corridor de descente.
- Arrêts aux endroits sûrs.
- Conduite et communication claire du groupe.
A noter que la plupart des points ci-dessus pourront intervenir devant la justice en cas d’accident.
Comportement à l’arrivée en cabane
-
- Souliers à l’entrée, matériel à déposer groupé à l’entrée (bâtons, piolets, crampons), aller s’annoncer et saluer le gardien, etc...
Attitude dans la cabane
-
- Le gardien n’est pas un garçon de café !, il donne volontiers des renseignements.
- Aider pour mise de la table, nettoyer la table après les repas, propreté aux toilettes, respect du silence après 22h.
- Préparer son sac en partie le soir avant de partir en course.
- Paiement de la cabane (nuitée, ½ pension, etc…) le soir.
Equipement
-
- S’équiper chaudement au départ le matin (gants légers + chauds, bonnet couvrant les oreilles, etc...), pause pour enlever une couche assez vite.
- Si l’on revient à la cabane, laisser le superflu à la cabane.
- Thé de marche à commander la veille, à voir avec le chef de course.
- Mettre le DVA de suite avec une couche de vêtement par-dessus.
- Préparer son sac avec les objets les plus utiles au haut ou dans les poches du sac.
En route et en montée
-
- Contrôle du fonctionnement du DVA au départ et il reste en fonction durant toute le course.
- Le guide ou le chef de course est devant, on ne dépasse pas !, un expérimenté ferme la marche.
- Choix de la trace et de l’itinéraire par le guide ou le chef de course selon les critères donnés dans notre 1ère séance.
- Faire régulièrement le test de recherche avec DVA.
- Le guide ou CdC décide de la tactique - espacement, mesures de sécurité et de la pose des couteaux, pauses env. toutes les heures, boire, manger, etc...
- Technique des conversions à répéter.
- Mesure de la pente avec bâtons.
- Autres aspects à observer : configuration du terrain, indices de danger d’avalanche, etc...
En descente
-
- On ne dépasse pas le guide ou le chef de course, s’arrêter au-dessus du chef de course.
- Observer le manteau neigeux pour tenter de détecter les facteurs de déclenchement d’une avalanche, type de neige, couches, terrain, vent, température, accumulations, corniches.
- Skier si possible sans tomber (?!), espacements demandés à respecter.
Finalement
-
- Être toujours curieux et observer, pratiquer autant que possible, beaucoup de livres à disposition !
Sur la base des informations fournies dans plusieurs revues des « Alpes » de ces dernières années et celles publiées par le SLF ainsi que de consultations de juristes, il m’a semblé intéressant et instructif de faire part des réflexions et considérations rassemblées au sujet de la responsabilité des divers acteurs des sports de montagne dans un article divisé en quatre chapitres. Il concerne en priorité les chefs de courses et les participants aux diverses activités organisées dans le cadre du CAS. En voici un résumé, le texte complet est accessible sous « Télécharger le pdf ».
Dans la première partie
Sur la base de quatre cas d’accidents avec des suites mortelles d’un ou de plusieurs participants, tous jugés par divers tribunaux en suisse, on constate d’abord qu’il y a peu d’acquittements, que les procès durent longtemps (2 à 10 ans), que la négligence et l’imprudence jouent un grand rôle dans les jugements et que chaque accident est un drame pour les familles tant de l’accidenté que du responsable de la course.
La deuxième partie
Se penche sur les statistiques des accidents de montagne. On constate que les situations de détresse en montagne augmentent régulièrement entre 2015 (2750 cas) et 2018 (3211 cas) avec un recul en 2019 (2909 cas). Les accidents mortels dans les sports de montagne seuls sont en baisse 135 en 2018, 120 en 2019. Le nombre de morts est le plus important en randonnée pédestre (54 en moyenne des 5 dernières années) et en randonnée à ski (27). Ils sont beaucoup plus élevés en sorties privées qu’en courses du CAS.
Une analyse des responsabilités des chefs de courses ainsi que de celles des participants est ensuite proposée. L’accusation porte en général sur la négligence et l’imprudence. Un inventaire des situations et des comportements pouvant engager la responsabilité du chef de course sont décrits. Il ne faut finalement pas perdre de vue que si un accident se produit tout le groupe est impliqué, pas uniquement le chef de course.
La troisième partie
Traite spécialement le cas des accidents d’avalanches qui sont en fait relativement rares (22 morts en moyenne des 5 dernières années) mais ils frappent l’opinion informée par les médias ! L’accident d’avalanche se situe au carrefour de l’évaluation des risques, de la responsabilité propre et de la négligence, c’est pourquoi le juge tendra à déterminer comment les personnes concernées par l’accident auraient dû se comporter pour éviter l’accident ou l’avalanche. On a pu remarquer que les accidents d’avalanches ont rarement des suites pénales mais sont tragiques.
La fin de cette partie s’intéresse aux progrès de la science de la neige et des avalanches et des diverses méthodes de prévision des avalanches « Sécurité ! ».
Dans la dernière partie
On examine les problèmes d’appréciation de la situation d’avalanches faite par le chef de course et par le juge lors d’accidents. Le facteur humain est examiné et il prend de plus en plus d’importance dans le processus de prise de décision.
En fin de cette partie
On prend quelques aspects relatifs à la juridiction applicable pour les sports de montagne et notamment la notion de risque et de négligence en lien avec la responsabilité civile et pénale des acteurs comprenant les chefs de course, les participants jusqu’aux comités de section du CAS. Le problème de la couverture par les assurances est aussi abordé. Une bonne prise de conscience des responsabilités de tous les acteurs nous semble utile dans l’espoir d’éviter, comme jusqu’à aujourd’hui dans notre section, les drames et les malentendus.