Le présent bulletin est destiné essentiellement aux membres de notre section pratiquant ou intéressés par les sorties à ski hors des pistes sécurisées. Il s’adresse donc aux chefs de courses hiver, organisateurs de randonnées à ski, randonneurs amateurs et débutants.
Est-il utile de rappeler que le danger d’avalanche est le principal risque auquel nous sommes confrontés lors de nos courses à ski ?. Il est par conséquent nécessaire de bien s’informer au sujet de la neige (nivologie) est des avalanches et de comprendre leur déclenchement afin de réduire ce risque et assurer une sécurité qui, on le sait, ne pourra jamais être totale. Une bonne connaissance de ce domaine doit permettre de prendre des mesures préventives adéquates et d’adapter notre comportement.
La matière à traiter est énorme. Elle est sans cesse renouvelée grâce aux recherches du SLF et d’autres Instituts dans divers pays alpins. Elle est devenue une science qui reste cependant empirique puisque basée sur l’expérimentation et l’observation. Il n’empêche que, au cours de ces dernières années, cette science a énormément progressé. Nous le verrons par la suite !
La plupart des avalanches sont déclenchées par les randonneurs eux-mêmes. Un comportement adéquat permet de réduire le risque d’avalanche à un niveau acceptable. En Suisse, 25 personnes en moyenne perdent la vie, chaque année, dans des avalanches. Tous les amateurs de randonnées et de courses à ski sont conscients du danger mortel dû aux avalanches et ont comme objectif de ne pas s’y faire prendre !
Dans ce but, il est important tout d’abord, de bien connaître la neige et le manteau neigeux. Pour rendre ce thème plus facilement accessible, nous vous proposons de le traiter par petits chapitres, selon le schéma ci-dessous, qui devraient permettre d’avancer petit à petit dans les connaissances de base nécessaires pour se comporter dans le terrain de manière responsable.
- La neige est une forme de précipitations atmosphériques constituée de particules de glace ramifiée (cristaux) contenant de l’air et de structure et d’aspect très variables. Elle forme un matériau composite naturel. Ses propriétés sont très variées et complexes. Elle est hétérogène, déformable, isolante, glissante, en constante évolution, éphémère… ce qui fait son charme !
Les chutes de neige successives s’accumulent par couches pour former le manteau neigeux, qui, lui, a aussi des caractéristiques physiques très variées. On le trouve en plaque, névé, corniche, congère et en mouvement sous la forme de reptation et d’avalanche. On distingue plusieurs types d’avalanches. La formation et le déclenchement d’une avalanche dépend de nombreux facteurs comme le terrain, le vent, la température, le poids des skieurs, etc. - Le Bulletin d’avalanches permet de se renseigner sur le danger d’avalanches du moment. Il est très important pour les chefs de courses et autres organisateurs de courses, de le consulter avec soin. Ces bulletins, publiés deux fois par jour se sont sans cesse améliorés grâce au SLF qui fait un travail pratique et scientifique de prévision de grande qualité. Ainsi, malgré une fréquentation toujours croissante du hors-piste, le nombre des victimes d’avalanches de ces dernières années reste stable. A noter que se renseigner simultanément sur la météo est aussi un élément de sécurité incontournable.
- Les degrés de danger, qui comportent une échelle à 5 degrés, sont donnés pour toute une région et non pour une pente précise. Ils correspondent à ceux indiqués dans les Bulletins d’avalanches. Les skieurs les connaissent bien puisqu’ils sont affichés dans la plupart des stations de ski. Ils se basent sur des mesures in situ ainsi que sur un système de prévision qui fait intervenir les facteurs reconnus de la formation des avalanches. L’analyse du degré 3 (marqué) est particulièrement importante et ceci sans oublier que de nombreux accidents d’avalanches se produisent dans le degré 2.
- Les signes d’alarme que nous donne la nature sont à écouter attentivement et à interpréter de manière correcte. Ces signes sont nombreux, ils seront complétés par une observation du terrain en continu pendant la randonnée.
- L’appréciation du danger d’avalanche a beaucoup évolué ces dernières années grâce aux études et recherches de Werner Munter, de Robert Bolognesi, du SLF et de bien d’autres instituts. L’appréciation se base actuellement sur une chaîne de trois méthodes : la STA (Situations Typiques d’Avalanches), la MRG (Méthode de Réduction Graphique) et la méthode de réduction 3X3 de Munter. Les trois méthodes qui prennent en compte de nombreux facteurs de risques sont en ce moment incontournables d’une part parce qu’elles permettent de prévenir les risques avant et pendant une randonnée et d’autre part parce qu’elles constituent une base juridique essentielle en cas d’accident d’avalanche.
- Comportement et tactique. Ce sont des attitudes à bien assimiler et ceci déjà avant une randonnée. Elles comprennent les comportements défensifs et offensifs. Il s’agit notamment d’adapter notre comportement aux conditions de neige (fraîche, soufflée, mouillée, etc...), à la météo, à organiser clairement le groupe à la montée et en descente. La tactique consiste surtout à prendre en compte le facteur humain qui prend d’autant plus d’importance que les conditions sont difficiles.
- Conduite en cas d’accident d’avalanche. En cas de survenue d’une avalanche avec ensevelissement d’une ou plusieurs personnes du groupe ou d’un autre groupe auquel on est amené à porter secours, il est essentiel de conserver son sang-froid et d’agir selon un schéma bien rodé. Nous verrons comment se comporter si l’on est par malheur soi-même pris dans une avalanche et aussi comment les rescapés doivent réagir.
- Recherche avec le DVA (Détecteur de Victimes d’Avalanche). Tous les randonneurs sont équipés, pour leur propre sécurité et pour celles des autres membres du groupe, au minimum de la pelle, d’une sonde et d’un DVA. Chacun doit assurer l’entretien et s’exercer à la manipulation du DVA avec sérieux. Des cours sont prévus chaque année dans notre section. Le choix du type de DVA est important. Les anciens appareils à 2 antennes sont à remplacer par des DVA à 3 antennes du type Barryvox PULSE ou similaire. Son utilisation est relativement facile mais demande tout-de-même un entraînement régulier. Il permet la recherche de plusieurs victimes, ce qui est devenu important car les deux tiers des avalanches touchent des groupes où plusieurs personnes sont ensevelies. Notre section met à disposition des membres plusieurs DVA avec la pelle et la sonde pour les débutants intéressés à débuter la randonnée à ski.
La neige, matériau extrêmement complexe, est le siège de processus de transformation dépendant essentiellement des variations de température.
La mesure de la température à l’aide des thermomètres habituelle ne suffit pas à suivre précisément ces processus. Depuis 2005, ce sont des appareils à infrarouge qui sont utilisés. Les mesures effectuées permettent de connaître exactement le comportement des gradients (répartition) de température à proximité de la surface, les variations de la température aux limites des couches et les irrégularités locales de la couverture. La température de surface de la neige se situe quasiment toujours en dessous de la température de l’air. Celle du sol, en revanche, oscille la plupart du temps autour de 0°C. Il en résulte un gradient plus ou moins élevé qui sert de « moteur » à la diffusion de la vapeur d’eau et au flux thermique et, par là, à la transformation des cristaux de neige (métamorphose) qui ont une grande influence sur le déclenchement des avalanches.
Les études du LFEM avec l’ENA ont aussi montré que la température de surface varie fortement dans l’espace et le temps sous l’influence du rayonnement solaire, en raison des courants d’air, selon la structure de la surface (cristaux de givre…) et de l’hétérogénéité de la neige.
Le manteau neigeux est composé de plusieurs couches superposées tombées successivement et qui se différencient par leur dureté, la forme des cristaux et la liaison entre ceux-ci.
La neige et le manteau bougent, s’écoulent, se tassent et les liaisons entre les cristaux de neige cèdent et de nouvelles liaisons se forment. En plus, les conditions climatiques font que la neige se transforme. En dépit des recherches toujours en cours, le manteau neigeux reste la grande inconnue lors de l’évaluation du risque d’avalanche.
Règles simples mais approximatives concernant la stabilité du manteau neigeux
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- Un manteau de neige épais (au-dessus de 50 à 60 cm) est plus stable qu’un manteau mince, donc prudence en présence d’un faible enneigement.
- Une plaque de neige ne se déclenche normalement que jusqu’à une profondeur maximale d’un mètre. Ne peut se déclencher que si le manteau neigeux renferme des couches fragiles.
- Des couches épaisses et semblables sont plus favorables que des couches minces et différentes.
- Les couches fragiles (souvent minces, givre, cristaux anguleux) forment des surfaces de glissement favorables au déclenchement de l’avalanche.
- La différence de dureté et de taille des grains est défavorable.
- Le givre de surface, la neige en gobelets, la neige croûtée et les neiges anciennes sont particulièrement défavorables.
- En plus du STA (voir L’appréciation du danger d’avalanche), du MRG (voir L’appréciation du danger d’avalanche), du 3X3 (voir L’appréciation du danger d’avalanche), des tests du manteau neigeux¹ peuvent être utiles à faire, surtout si l’on suspecte la présence d’une neige ancienne fragile.
- Sans signes extérieurs de danger d’avalanche, être attentifs aux signaux d’alarmes (voir Signes d’alarme). (selon Harvey et Schweizer ENA/SLF)
¹ Les tests du manteau neigeux (test du bâton, profondeur d’enfoncement avec ou sans skis, profil de neige, test de stabilité ECT) sont utiles lorsqu’on suspecte une couche de neige ancienne fragile et que l’on pas des signes d’alarme ou peu d’informations. Ce test ne remplace aucune méthode de réduction, ni la grille 3X3 et, en plus, il prend beaucoup de temps et n’est qu’une indication locale du manteau neigeux.
Les avalanches de neige sans cohésion
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- Composées de neige sèche (neige fraîche, poudreuse).
- Se déclenchent souvent spontanément peu après une chute de neige ou lors d’un réchauffement important.
- La pente limite pour un déclenchement est d’env. 40°.
- Concernent env. 10% des victimes.
Les plaques de neige ou plaques à vent
-
- En général la couche supérieure a une certaine cohésion et la cassure est large et à angle vif.
- Se déclenchent souvent longtemps après une chute de neige et en un point quelconque de la surface (même un point éloigné), la pente limite est de 30°.
- Sa vitesse est rapidement élevée.
- Les plaques de neige concernent environ 90% des victimes d’avalanches et dans 90% des cas, les skieurs ont déclenché eux-mêmes leur avalanche !
Les avalanches de neige mouillée
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- Le manteau est totalement humidifié, le déclenchement peut se produire dès que la déclivité est de 30° et même moins.
- Se déclenchent souvent spontanément.
- Le gel joue un rôle important pour la stabilité de ce manteau.
- Au printemps, terminer la course tôt !
- Les conditions à l’intérieur du manteau neigeux et près de la couche fragile sont prépondérantes.
Les avalanches de fond
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- Le glissement a lieu sur un sol plus ou moins lisse (herbe, rocher).
- Peuvent se déclencher n’importe quand, le glissement se fait très lentement au début (les «gueules de baleine» apparaissent à ce moment-là), il peut ensuite s’accélérer et constituer une avalanche de fond.
- Ne pas s’attarder sous les gueules de baleine.
- La neige en contact avec le sol doit être humide et le sol chaud.
- En période de froid, le manteau gèle jusqu’au sol et le glissement s’arrête.
Il y a en général des indices de la présence d’un danger d’avalanche (voir Signes d’alarme). Beaucoup d’accidents ont lieu parce que l’on ne perçoit pas ces indices ou que l’on en tire de fausses conclusions en raison de l’influence exercée par des facteurs humains (psychiques et sociaux) (voir Comportement et tactique).
Les avalanches de plaques de neige ou plaques à vent sont
particulièrement dangereuses (90% des victimes d’avalanches).
Les facteurs principaux dépendent :
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- Du manteau neigeux, du type de neige et sa transformation, des couches de neige en place (accumulations, pente à l’ombre, etc...)
- Du terrain (pente, exposition, forme, rugosité, etc...)
- Du vent qui a soufflé (accumulation de neige soufflée, neige nouvelle).
- De la température (réchauffement prononcé/refroidissement, ne diminue pas le danger).
- De la surcharge du manteau neigeux (naturelle ou par des skieurs).
- Du facteur humain : 90% des skieurs déclenchent eux-mêmes «leur» avalanche !
Avalanche de plaque à vent en raison de l’accumulation de neige sur le versant de la crête à l’abri du vent.
Remarques :
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- Plus une pente est raide, plus elle est dangereuse !
- Le danger est particulièrement grand dans une pente de plus de 30°.
- Dans chaque pente, on pourra observer des passages plus raides que ceux mesurés sur la carte (min. carte 1:25'000) même ceux des cartes avec les couleurs.
- La forme de la pente, la proximité des crêtes, etc... influencent souvent plus le danger d’avalanche que quelques degrés de déclivité !
- On mesure la déclivité à l’aide des bâtons de ski ou en utilisant l’inclinomètre (par exemple de l’application White Risk mobile).
- Les pentes à l’ombre (exposées de W à E en passant par le nord) sont les plus dangereuses.
- Ne pas se laisser attirer par les cuvettes à l’ombre avec de la poudreuse. Elles sont dangereuses.
- Le terrain parsemé de rochers et la forêt ne constituent une protection fiable.
4 conditions pour qu’une plaque de neige se déclenche et se mette en mouvement
- Existence d’une couche critique
- Le manteau neigeux étant composé de plusieurs couches comprend souvent une couche critique ou fragile. C’est cette couche moins stable (ex.: givre recouvert) qui est à l’origine d’une fracture qui déclenche la plaque.
- Le manteau neigeux étant composé de plusieurs couches comprend souvent une couche critique ou fragile. C’est cette couche moins stable (ex.: givre recouvert) qui est à l’origine d’une fracture qui déclenche la plaque.
- Surcharge suffisante
- Une surcharge de neige fraîche ou de la pluie peuvent suffire à déclencher la plaque.
- Le poids d’un skieur peut suffire à créer une rupture.
- Le risque de rupture est plus grand si la charge est élevée (groupe rassemblé au même endroit, chute) ou si la couche critique est proche de la surface, ou encore si la neige est molle.
- Si la couche critique se trouve à plus d’un mètre de la surface, il y a peu de risque de déclencher une avalanche.
- Neige à grains liés (neige liée si les bords de la trace ne tombent pas)
- Une rupture juste en-dessous de soi ne se propage pas forcément, sauf si une couche à grains liés se trouve sur une couche critique.
- Dans les Alpes, la neige est presque toujours liée (froid, vent).
- La neige fraîche se lie et se tasse sous l’effet de son poids propre (1 à 3 jours).
- Pente suffisamment raide
- à partir d’une pente de 30°, la probabilité est grande que la couche glisse sous la charge d’un ou plusieurs skieurs.
Le bulletin d’avalanches décrit la situation avalancheuse à laquelle il faut s’attendre dans les différentes régions de notre pays mais pas pour une seule pente. Il s’agit soit d’une prévision pour le lendemain soit d’une analyse de l’état présent. Le danger d’avalanche est décrit par un degré de danger (de 1 à 5), par les situations avalancheuses typiques et par une représentation graphique des endroits dangereux (symbole de danger).
Le danger d’avalanche dépend de la probabilité de déclenchement, de la répartition des endroits dangereux, de la grandeur et du type d’avalanches ainsi que de la taille et du nombre d’avalanches.
Le bulletin d’avalanches est normalement composé d’un texte et de représentations graphiques (cartes et pictogrammes). Il indique souvent pourquoi le danger d’avalanches est évalué à marqué.
Les régions de Suisse
Carte des régions décrites dans le bulletin d’avalanche et la météo
Exemple de bulletin d’avalanches
Exemple de bulletin d’avalanches avec carte indiquant les degrés de danger d’avalanche dans les Alpes suisses.
Remarques :
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- Les roses des vents figurant sur la carte comprennent une zone noire à considérer comme particulièrement dangereuse.
- La carte des dangers d’avalanche ne remplace pas l’appréciation sur le terrain.
- Les endroits particulièrement dangereux sont souvent détaillés dans le texte.
- Les indications du bulletin s’appliquent toujours à une région et pas à une pente en particulier.
- Le bulletin est presque toujours lié à une prévision météo.
- En plus du bulletin d’avalanches, les différents services de prévision d’avalanches donnent des indications complémentaires sur les conditions météo et neige du moment, comme :
- Carte des hauteurs de neige et de neige fraîche
- Carte décrivant l’état du manteau neigeux (actualisée tous les 15 jours) avec les profils de neige
- Un rapport hebdomadaire durant tout l’hiver donnant une rétrospective de la situation avalancheuse et météorologique des 7 derniers jours.
- Il est extrêmement important de consulter le bulletin d’avalanche avant chaque sortie (quelques jours avant et le matin de la randonnée). En cas d’accident, c’est un des premier éléments qui intervient devant la justice.
Divers liens :
En Suisse : www.slf.ch ou App. «White Risk» Diffusion à 8h et 17h.
En Europe : www.avalanches.org, vue d’ensemble de tous les bulletins d’avalanches en Europe.
Météo : www.meteosuisse.ch
Echelle du danger d’avalanche
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- Les degrés de danger d’avalanche sont donnés dans les bulletins d’avalanche et figurent souvent aux stations des remontées mécaniques
- Les degrés de danger sont donnés pour toute une région et pas pour une pente précise. Le MRG doit aussi être établi. Les degrés de danger peuvent avoir des manifestations variées.
- Pour le degré 3 (marqué), une analyse plus fine est souvent nécessaire parce que: Le MRG contient une incertitude, car à la date concernée, il peut s’agir d’une couche de neige fraîche ou par exemple d’une stratification défavorable du manteau neigeux. Dans les 2 cas, le MRG donnera pourtant un degré 3, même si les 2 situations sont totalement différentes et on ne pourra pas se contenter d’une qualification 3 ou 2. Dans le terrain il faudra faire ses propres observations et repérer le problème principal du jour en tenant compte des particularités du relief.
Le danger d’avalanche est présent si:
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- Neige fraîche et vent
- Couches fragiles dans le manteau neigeux
- Réchauffement rapide et marqué
Les indices typiques d’instabilité du manteau neigeux que la nature nous donne en cas notamment de danger limité et marqué d’avalanche sont :
a. Degré de danger - Limité (2)
Signes extérieurs : Bruits sourds «Woum» souvent avec fissures dans le manteau neigeux.
Stabilité du manteau neigeux : Consolidation faible 25%, modérée 50% et bonne 25%. En cas d’avalanche, rupture souvent dans la couverture de neige ancienne.
b. Degré de danger - Marqué (3)
Signes extérieurs : En général, présence de fissures et bruits sourds. Déclenchements d’avalanches par des skieurs isolés. Avalanches spontanées dans pentes aux environs.
Stabilité du manteau neigeux : Consolidation faible 50%, modérée 40%, et bonne 10%. En cas d’avalanche, rupture souvent dans la neige fraîche soit glissement de la neige fraîche sur la couche ancienne.
c. Degré de danger - Limité (2) et Marqué (3)
Signes extérieurs : Avalanches de plaques de neige récente. Corniches de neige soufflée sur les crêtes. Température monte rapidement. Pente supérieure à 30°.
Remarques :
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- Les avalanches de plaques de neige ne peuvent se former que si le manteau neigeux renferme des couches fragiles.
- Le poids d’un skieur sur le manteau neigeux a un effet jusqu’à une profondeur moyenne d’env. 40 à 60 cm. Si une couche fragile critique se trouve à une profondeur plus grande, le déclenchement de l’avalanche est peu probable.
- Le premier jour de beau temps après une chute de neige est particulièrement propice aux accidents d’avalanche.
- En course, il faut être constamment à l’affut des signes d’alarme.
- La probabilité d’avoir une couche fragile augmente avec le nombre de couches tombées durant l’hiver.
- Une pente fréquemment parcourue est plus sûre qu’une pente vierge, mais pas de terrain vierge au-dessus !
La première méthode présentée est celle basée sur les STA (Situations Typiques d’Avalanches). Elle consiste à analyser le danger principal qui, lui, permet ensuite d’identifier les situations suivantes :
En Situation de neige fraîche
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- Jusqu’à environ 3 jours après la fin des précipitations, la nouvelle neige n’est pas suffisamment liée à la neige ancienne. Le danger est alors en général marqué 3.
- Utiliser la méthode de réduction MRG.
En Situation de neige soufflée
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- Le danger est souvent limité ou marqué (liaison neige ancienne et neige soufflée critique).
- Pente souvent critique à partir de 30°, signes d’alarme, à contourner si possible (choix de l’itinéraire).
- Attention si la neige soufflée est recouverte de neige fraîche.
- La MRG est peu utile.
En situation de neige mouillée
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- Le manteau neigeux se fragilise rapidement, glissements et avalanches spontanées qui dépendent de l’altitude et de l’exposition (analyse du bulletin météo) et près des rochers chauds.
- Attention en dessous de l’isotherme 0°C et nuit sans gel ainsi qu’à la pluie en plein hiver.
- La MRG est peu utile.
En situation de neige ancienne
-
- Dernières chutes de neige il y a quelques jours. Manteau neigeux avec couches fragiles.
- Danger souvent limité, mais il est difficilement reconnaissable.
- Profils de neige ou tests de stabilité à faire.
- Alarme par « woums », pentes nord plus dangereuses.
- Avertissements par le bulletin d’avalanche.
- Utiliser la MRG, prendre des distances.
Remarques :
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- Une nouvelle mise en garde pour la neige ancienne est annoncée dans «Les Alpes 01/2020». Le bulletin d’avalanches du SLF fournit maintenant des informations générales plus précises dans ce cas de figure. Ainsi la situation avalancheuse «neige ancienne» ne sera mentionnée dans le bulletin d’avalanches que lorsqu’il y aura des couches fragiles marquées pour lesquelles un randonneur peut provoquer une rupture et déclencher une avalanche.
- L’appréciation du risque d’avalanche ne doit pas être fait sur la base d’une seule méthode (voir L'appréciation du danger d’avalanche).
La deuxième méthode présentée est celle basée sur les MRG (Méthode de Réduction Graphique). Cette méthode permet de contrôler (selon le graphique ci-dessous) de manière simple, le risque d’avalanche en combinant le degré de danger (en abscisse) et la déclivité (en ordonnée) dans les conditions défavorables.
La MRG associe le danger d’avalanches à la déclivité de la pente: le parcours doit emprunter des pentes d’autant plus faibles que le degré de danger d’avalanches est plus élevé. Elle est surtout utile en cas de neige fraîche et partiellement pour la neige ancienne. Elle est par contre peu ou pas utile en neige soufflée et mouillée.
Pour les intéressés, une application informatique de la MRG appelée MQR (Méthode Quantitative de Réduction) est proposée depuis quatre ans sur la plateforme en ligne www.skitourenguru.ch. On y trouve, pour 1000 itinéraires, une mise à jour quotidienne de l’évaluation du risque fondée sur le bulletin d’avalanches actualisé et sur des données topographiques numériques. Il est ainsi possible d’inspecter chez soi, au chaud, les pentes avalancheuses. Cela ne dispense pas d’examiner la situation sur place pour prendre une décision responsable (selon Méthode 3X3).
La méthode 3X3 de Werner Munter a été appelée ainsi car elle se base sur des informations et observations réparties en 3 catégories conditions, terrain et facteur humain au cours de trois phases de décision préparation, évaluation sur place et pente.
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- La préparation de la randonnée est une condition essentielle pour une expérience agréable en montagne. Informe-toi sur les conditions nivologiques et météorologiques dans la région concernée. Prépare l’itinéraire à l’aide de topos et de la carte d’inclinaison de versants. Sois bien équipé, et tiens compte de la composition du groupe et de l’état d’esprit de chaque participant.
- Pendant toute la journée, procède à une évaluation sur place selon le schéma ci-dessous, observe en permanence les conditions, le terrain et les facteurs humains surtout pour les passages clés prévus. Est-ce que les conditions de neige et météorologiques, le terrain, les capacités et l’état d’esprit des participants correspondent aux hypothèses de préparation selon le schéma ci-dessous?
- L’appréciation et le risque d’avalanche ne doit pas être fait selon une seule méthode. Les trois méthodes décrites ci-avant sont à disposition et à appliquer selon la situation (préparation, dans le terrain, etc...)
- Pondère et mets en rapport les conditions, le terrain et le facteur humain pour prendre ta décision. Aux passages clés, les décisions suivantes sont possibles:
- OUI, faisable sans problème.
- OUI, faisable mais sous certaines conditions (par exemple distances de délestage).
- NON, choisir une alternative préparée ou renoncer.
1. Estimer et réduire le risque d’accident et le danger d’avalanche
Evaluer le risque que l’on prend doit se faire en permanence (avant et pendant la course). Il faut le faire en prenant en compte les conditions, le terrain et le facteur humain. Des décisions réfléchies et un comportement adapté permettent de réduire le risque à un niveau acceptable. En ce qui concerne les avalanches, l’ensemble des éléments à cerner dans une situation à risque est complexe. Elle nécessite l’utilisation d’outils permettant d’évaluer la situation sur la base de faits concrets et en gérant le risque plutôt que de se fier à notre instinct.
La gestion du risque demande en priorité une analyse du danger d’avalanche. Lorsque l’on a peu de connaissances sur les avalanches, l’évaluation du danger se basera essentiellement sur le degré de danger du bulletin d’avalanches. Plus les connaissances et les informations que l’on possède seront pointues, plus l’appréciation du danger pourra être faite de manière nuancée en utilisant notamment (voir L'appréciation du danger d’avalanche). On tiendra compte des processus de formation des avalanches brièvement décrit (voir Facteurs de formation et de déclenchement d’une avalanche). Reconnaître les processus permet d’évaluer et de localiser le danger. Mais connaître les processus ne suffit pas, il faut en plus évaluer le risque en examinant les conséquences possibles du danger et se poser la question :
Quel risque suis-je prêt à prendre pour moi et pour mon équipe ?
Cette réflexion peut amener, le cas échéant, à envisager le recours aux variantes possibles étudiées déjà lors de la préparation de la course.
Ce n’est ni le programme ni les souhaits des participants qui déterminent le but d’une course,
mais les conditions avalancheuses et météorologiques.
2. Comportement et stratégie
Le comportement d’un groupe, en principe conduit par un chef de course, joue un rôle décisif dans un terrain avalancheux. Il s’agit de mettre ensemble toutes les informations et estimations recueillies (MRG, 3X3, facteurs à risque, etc...) pour ensuite prendre des décisions et agir en conséquence. Le processus est «estimation - décisions - comportement». Nous avons vu que les facteurs internes et externes sont multiples : bien-être du groupe, motivation, le groupe lui-même, la météo, l’expérience, etc. qui influencent le comportement face au danger. L’image du risque est souvent fortement dominée par nos envies ou nos idées et peut engendrer des erreurs dans la prise de décision. C’est pourquoi il est utile d’appliquer certaines stratégies, tactiques et mesures générales : Percevoir la situation, analyser les facteurs de risque (notamment le MRG) et les comparer à une évaluation et estimation personnelle tenant compte du facteur humain (et du groupe). En les combinant on arrive en général au meilleur résultat et des décisions peuvent être prises (cf. Avalanches, mieux les comprendre, Ed.CAS, pg.129). Elles permettent d’agir en conséquence. Mais, ce faisant, on n’est pas à l’abri d’erreurs.
Pour diminuer les risques d’erreurs, les conseils suivants sont utiles:
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- Revoir sans cesse son estimation du risque (avant et pendant la course).
- Prévoir au sein du club des règles et listes de contrôle.
- Bonne préparation des courses, standards de sécurité.
- Informer les participants sur la course, les changements éventuels de programme et les variantes possibles, préciser les objectifs du jour, etc...
- Communiquer ouvertement concernant les standards et valeurs d’une organisation afin de permettre une réduction de la pression et du risque.
- Définir et préciser le rôle de chaque membre du groupe, en course contrôler l’état physique des participants (fatigue, problème de santé apparent).
- Les ordres donnés par le chef de course doivent être entendu par tout le groupe.
- Faire une rétrospective des événements vécus pendant la course.
3. Décider dans la pente «J’y vais ou J’y vais pas?»
La randonnée a été bien préparée. La méthode d’évaluation 3X3 a été utilisée, on s’est bien informé en consultant le bulletin d’avalanche encore avant de partir, on connaît bien la région, cependant en arrivant devant la pente raide prévue, il est difficile de prévoir si le manteau neigeux tiendra. Il faut décider si oui ou non on va y aller. En face de la pente, il s’agit de prendre en compte la combinaison des facteurs décrits ci-avant : la probabilité d’une avalanche, ses conséquences et le comportement à adopter. Depuis 2018, un nouvel outil d’aide à l’évaluation du risque à été développé notamment pour les passages-clés par le SLF.
Cet outil part du fait que la probabilité d’une avalanche n’est pas forcément rattachée au degré de danger indiqué par le bulletin. Par exemple, la probabilité d’une avalanche dans une pente peut être modérée même si le degré de danger est marqué. A l’inverse, si une pente est chargée de la neige soufflée, la probabilité peut être élevée alors que le degré de danger n’est que limité.
En abscisse, on trouve les critères importants : la probabilité d’une avalanche (voir Facteurs de formation et de déclenchement d’une avalanche et L'appréciation du danger d’avalanche), le terrain (voir Facteurs de formation et de déclenchement d’une avalanche) et la situation avalancheuse (voir Signes d’alarme).
En ordonnée figurent les conséquences qui sont prises en compte (taille de l’avalanche, spécificités du terrain, taille du groupe exposé).
Le graphique a été établi pour permettre de mieux évaluer le risque d’avalanche de la pente considérée en se posant les questions importantes suivantes :
Au niveau du risque:
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- Probabilité de déclenchement d’une avalanche?
- Y a-t-il des endroits de passage plus sûrs?
Au niveau des conséquences:
-
- Type et taille d’une éventuelle avalanche?
- Conséquences possibles d’une avalanches (chute, rochers…)
Au niveau du comportement:
-
- Trace idéale ?
- Comportement mieux adapté?
- Mesures possible pour réduire le risque?
Si l’on reporte dans le graphique les deux évaluations abscisse et ordonnée, on obtient une proposition sous la forme d’un point (rouge dans l’exemple) soit :
Go ou J’y vais (zone blanche où le risque est acceptable)
No Go ou J’y vais pas (zone grise où le risque est trop élevé).
Dans ce dernier cas, on peut ensuite chercher à adapter son comportement et/ou la probabilité d’une avalanche afin de déplacer le risque situé dans la zone grise vers la zone blanche. Cependant, il faut veiller à ne pas dépasser la longueur d’un carré comme le montre le graphique. On voit immédiatement que si l’on agit simultanément sur la probabilité d’une avalanche et sur les conséquences (comportement notamment). Le point va se déplacer latéralement vers le bas et rejoindre la zone blanche où le risque est acceptable. Mais la prudence s’impose car descendre un par un ou encore prendre une distance de 50 m entre chaque participant ne peut pas être compté, sans autre, à la fois dans les conséquences et dans le comportement !
Il est à remarquer que l’évaluation de la pente est particulièrement difficile. Il en est de même pour de nombreux autres facteurs où les imprécisions sont inévitables. Le graphique permet cependant d’affiner la réflexion et ainsi d’aider à ne pas se fier qu’à son instinct ou à son expérience. Il faut donc trouver des réponses aux questions posées et les combiner correctement.
Finalement, chacun doit décider par lui-même en fonction de sa relation au risque et de la responsabilité qu’il assume.
Si vous êtes emporté-e
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- Essayez de vous échapper latéralement, lâcher les bâtons, si possible ouvrez les fixations.
- Enclenchez l’équipement de secours si vous en avez un (airbag).
- Tant que la neige est en mouvement, essayez de rester en surface (nager !).
- Avant l’arrêt de l’avalanche, tirez les genoux contre la poitrine et ménagez-vous avec les mains une poche d’air devant le nez et la bouche en tenant les bras devant le visage.
Si vous êtes un rescapé ou témoin d’un accident
Le sauvetage des ensevelis est une course contre la montre ! Les chances de survie sont bonnes pendant les 15 premières minutes. Ensuite les chances diminuent rapidement. C’est pourquoi notre section organise régulièrement des cours d’avalanche qui permettent d’exercer l’ensemble des connaissances à avoir afin d’être efficace en cas d’avalanche.
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- Observez l’écoulement de l’avalanche et suivez la victime du regard (point de disparition).
- Vérifiez que votre propre sécurité est assurée.
- Faites un point rapide de la situation (zone de recherche, etc).
- Donnez l’alarme (1414 ou application REGA, en Valais 144, téléphone, radio messagers).
- Commencez la recherche par l’ouïe, la vue et à l’aide du ou des DVA en position RECHERCHE (éteindre les DVA non utilisés).
- Marquer les endroits (drapeau ou sonde) où une ou des victimes ont été détectées et si possible une équipe commence immédiatement le creusage par pelletage.
- A la fin de la ou des recherches, repasser les DVA en mode EMISSION.
Recherche avec DVA, sonde et technique du pelletage
On distingue 3 phases de recherche :
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- Recherche du signal: l’avalanche étant souvent plus large que la portée du DVA, on parcourt rapidement la zone de l’avalanche selon les schémas connus et répétés dans le terrain.
Le DVA est tenu horizontalement. Dès qu’un signal est capté, on marque l’endroit et on commence la recherche grossière. - Recherche grossière: cette recherche consiste à suivre la flèche à l’écran (qui suit les lignes de champ magnétique) à un rythme constant et sans mouvement brusque. On arrive ainsi jusque’à la victime.
- Recherche fine: a partir d’une distance inférieure à 5m, progresser encore plus lentement. Tenir le DVA à hauteur des pieds, cela augmente la précision de la recherche fine. Si la distance augmente à nouveau, la victime est proche !
A ce moment là, on peut procéder à la recherche orthogonale. La distance affichée indique la profondeur où se trouve la victime. L’endroit est marqué tout de suite et la recherche d’autre victime commence avec le DVA, alors que le sondage commence et permet la localisation précise de la victime. Le dégagement de la victime débute immédiatement selon la technique en V, soit à partir de la pointe de la sonde.
- Recherche du signal: l’avalanche étant souvent plus large que la portée du DVA, on parcourt rapidement la zone de l’avalanche selon les schémas connus et répétés dans le terrain.
Il n'est pas difficile de creuser un trou dans la neige, mais de le faire rapidement!
Car la neige accumulée se transforme en béton!
Premiers secours
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- Selon BLS (Basic Life Support) : contrôler les fonctions vitales (tête, thorax, voies aériennes libérées, réanimation immédiate si pas de signe de vie).
- Préserver tout refroidissement de la victime.
- Surveiller constamment la victime.
Donner l’alarme
Lors de l’appel à la REGA 1414 ou 144 pour le Valais, indiquer :
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- Où s’est produit l’accident ?
- Qui appelle ? (nom, numéro de téléphone, position)
- Que s’est-il passé ?
- Quand s’est produit l’accident ?
- Combien de personnes sont entièrement ensevelies ? Combien de rescapés ?
- Météo sur le lieu de l’accident ?
- Donner les raisons de l’intervention (ensevelissement, médicales, topographiques)
A l’approche de l’hélicoptère :
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- Préparer une surface horizontale de 6x6m et zone sans obstacles (arbres, câbles, etc...) de 25x25m.
- Une personne doit se tenir au bord de la place, dos au vent, les deux bras levés. Les autres personnes se tiennent à au moins 20m de la place.
- Ne pas laisser traîner des objets (vêtements, sacs, etc...), ranger les skis, les sondes.
- Se mettre à genoux et ne pas bouger.
- Contact visuel avec le pilote.
- Laisser l’équipage faire son travail… aide à leur demande.